Vers une Union européenne des infrastructures

Afin de rester compétitive dans une économie mondiale fragmentée et fragile, l'UE doit tirer parti de son atout le plus important : son marché intérieur. La suppression des obstacles qui subsistent au commerce intra-européen peut stimuler la croissance économique de nombreuses façons. Outre une réglementation commune du marché, une capacité d'infrastructure suffisante est particulièrement importante pour les échanges transfrontaliers au sein de l'UE. Cela s'applique à un large éventail de catégories d'actifs tels que les lignes ferroviaires, les réseaux électriques, les gazoducs et les infrastructures de recherche partagées.

L'intégration économique européenne continue d'être entravée par d'importants obstacles liés aux coûts. Selon les estimations du cep, les coûts du commerce transfrontalier dans l'UE n'ont baissé que de 0,2 % par an au cours des deux dernières décennies. « L'une des raisons à cela est la lenteur du développement des infrastructures transfrontalières », explique André Wolf, économiste au cep, qui a mené l'étude. Il préconise une coopération intensive entre les acteurs publics et privés. L'incertitude entourant les processus d'autorisation et l'environnement réglementaire à long terme augmente les coûts de financement et encourage le secteur privé à adopter une attitude attentiste. Les mesures de soutien devraient se concentrer sur la mise en place d'instruments de partage des risques sur mesure. Parallèlement, le risque réglementaire devrait être réduit grâce à des règles de marché stables et à des exigences d'efficacité pour les procédures d'autorisation.

L'UE soutient déjà le développement des infrastructures par des mesures telles que le mécanisme pour l'interconnexion en Europe. Cependant, dans les négociations sur le nouveau cadre financier pluriannuel de l'UE, les investissements nécessaires dans les infrastructures transfrontalières risquent d'être sacrifiés au profit d'autres objectifs stratégiques. « Il est donc d'autant plus important de souligner l'importance centrale des infrastructures partagées dans le débat stratégique global de l'UE », a déclaré M. Wolf.